Efforts d’élimination du choléra en République démocratique du Congo : progrès et recommandations pour l’avenir

­­­­La République démocratique du Congo (RDC) a été l'un des premiers pays au monde à développer un plan stratégique multisectoriel d'élimination du choléra (PSMEC). Le premier plan a été mis en œuvre en 2008-2012 (PSMEC-1) (1). Deux autres PSMEC ont été mis en œuvre depuis, couvrant les périodes 2013-2017 (PSMEC-2) et 2018-2021 (PSMEC-3). Le PSMEC vise à s'attaquer aux facteurs responsables des épidémies de choléra dans des zones de santé clés, appelées sanctuaires du choléra. Comme les sanctuaires du choléra rapportent les cas de choléra de manière quasi-continue, ces zones de santé jouent un rôle majeur dans la dynamique de la maladie dans le pays. Les zones sanctuaires du choléra sont classées en fonction de paramètres épidémiologiques et environnementaux (la présence d'un lac) (2).

Une étude récente publiée dans BMC Public Health par Taty et al. a évalué les caractéristiques des épidémies de choléra en RDC afin de déterminer les effets des plans d'élimination sur la dynamique de la maladie et de tirer des leçons. De 2000 à 2021, la RDC a enregistré 520 024 cas suspects de choléra et 12 561 décès. Cette période de 22 ans a été évaluée en quatre sous-périodes : la période précédant la mise en œuvre du premier PSMEC (2003-2007 ; pré-PSMEC), le premier PSMEC (PSMEC-1), le deuxième PSMEC (PSMEC-2) et le troisième PSMEC (PSMEC-3) (2).

En RDC, les provinces sont considérées comme endémiques pour le choléra si elles notifient des cas de manière continue ou métastable et possèdent au moins un sanctuaire du choléra. Pendant la période d'étude, les provinces endémiques restent les plus touchées avec plus de 75% des cas, cinq des six provinces endémiques situées dans l'est de la RDC ont été identifiées comme clusters à risque durant chaque sous-période (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Tanganyika, Haut-Lomami et Haut-Katanga). Cependant, la proportion de cas dans les provinces endémiques a diminué au fil du temps, tandis que la proportion de cas dans les provinces non endémiques a augmenté. En outre, le nombre de zones de santé classées comme sanctuaires du choléra a progressivement augmenté au fil du temps, avec 14 sanctuaires du choléra pendant le PSMEC-1 et le PSMEC-2, suivis de 29 sanctuaires du choléra pendant le PSMEC-3 (2).

Comme il apparaît que le contexte du choléra en RDC ne s'est pas amélioré depuis la mise en œuvre des PSMEC, les auteurs ont établi une série de recommandations sur la base de ces résultats. Pour mieux orienter les activités d'élimination de cette maladie, la méthode utilisée pour classer les sanctuaires du choléra devrait être optimisée en analysant les indicateurs épidémiologiques ; d'eau, d'assainissement et d'hygiène ; socio-économiques ; environnementaux ; et sanitaires au niveau local. Des améliorations devraient également être apportées en ce qui concerne la mise en œuvre du PSMEC, l'établissement de rapports sur les activités financées et la surveillance des cas. Des études supplémentaires devraient viser à identifier les lacunes spécifiques dans la coordination des interventions aux niveaux local, national et international. Dans l'ensemble, ces résultats fournissent une base pour guider le prochain PSMEC (2023-2027) et renforcer les efforts visant à éliminer le choléra en RDC d'ici 2030 (2).