Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) lance un plan ambitieux pour éliminer le choléra dans le pays

Depuis 1994, la République démocratique du Congo (RDC) est l'un des pays les plus touchés par les épidémies de choléra, et ce depuis l'épidémie à grande échelle qui a suivi le génocide rwandais (1). En RDC, le choléra sévit de manière endémique dans la partie orientale du pays, tandis que les provinces de l’Ouest connaissent un profil épidémique (2). Au 1er octobre 2023, 39 638 cas suspects de choléra, dont 342 décès, ont été signalés, les cas étant concentrés dans la partie Est de la région des Grands Lacs (3).

La RDC a été l’un des premiers pays au monde à élaborer un plan stratégique multisectoriel d’élimination du choléra en 2007 sur la base de résultats de travaux de recherches ayant permis d’identifier les espaces, les périodes ainsi que les populations les plus à risques (4). Depuis le premier plan de 2008-2012, le pays en est à sa quatrième mise à jour (4), dont la dernière date d’octobre 2023 (5). Ce plan se caractérise par une approche stratégique qui se concentre sur les principaux facteurs de risque qui sous-tendent la vulnérabilité des zones de santé à la persistance des foyers préexistants, l'apparition de nouveaux foyers, et à la diffusion du choléra. Parmi ces facteurs : l'accès limité à l'eau potable et aux infrastructures d'assainissement ainsi que les mauvaises pratiques d'hygiène (WASH) (6). En effet, seulement 50,4 % de la population de la RDC ont accès à des points d'eau améliorés et moins de 29 % de la population ont accès à un assainissement amélioré (5).

Le PMSEC vise à s’attaquer aux facteurs structurels responsables de la récurrence des épidémies de choléra en ciblant prioritairement les interventions dans les zones sanctuaires de choléra, toutes situées dans la région des grands lacs et qui constituent 50 % (39/78) des zones prioritaires de choléra identifiées dans la dernière mise à jour de la cartographie du choléra en RDC (5). Tous ces sanctuaires du choléra sont également affectés (à des degrés différents) par des conflits et des déplacements de population, qui exacerbent les épidémies de choléra et entravent à la fois l’accès aux structures de santé et les efforts de réponse (7).

Pour parvenir à l’élimination du choléra, le plan applique une approche multisectorielle, mobilisant plus de 22 ministères clés. Ce PMSEC 2023-2027 comprend huit axes stratégiques : (1) surveillance renforcée de la maladie, (2) gestion des cas, (3) WASH d'urgence, (4) WASH durable, (5) vaccination, (6) communication pour le changement de comportement et l'engagement communautaire, (7) recherche opérationnelle (8) et coordination et plaidoyer (5).

Le budget global du PMSEC 2023-2027 s’élève à 192 millions USD dont 58 % alloués à l’amélioration des conditions WASH tant de façon durable (37 %) qu’en urgence (21 %) avec pour objectif final la réduction du taux d'incidence annuel de choléra en dessous de 1 cas confirmé pour 100 000 habitants dans les provinces orientales et de 1 cas confirmé pour 1 000 000 habitants dans les provinces occidentales (5). Le ministère de la planification veillera à ce que tous les acteurs nationaux et internationaux, privés et publics, s'alignent sur les orientations stratégiques de ce plan. Des efforts importants seront également déployés pour mobiliser les ressources et renforcer la coordination des acteurs et des secteurs impliqués dans la mise en œuvre de ce plan.

Le processus d’élaboration et de validation du PMSEC 2023-2027 en RDC a été conduit sous le pilotage scientifique du Département d'écologie et de contrôle des maladies infectieuses de la Faculté de médecine de l'Université de Kinshasa, notamment avec le soutien de la fondation Veolia (5).