Réunion annuelle du Conseil consultatif de la GAAC

La réunion annuelle du conseil consultatif de la Global Alliance Against Cholera s'est déroulée le mardi 24 septembre 2019 à Washington, DC. Ce rendez-vous international a été l’occasion de présenter certaines des dernières avancées dans le contrôle et la prévention du choléra dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

Les membres du GAAC se sont réunis le 24 septembre au Cosmos Club à Washington DC, Etats-Unis.

Les progrès dans la lutte contre le choléra ont alimenté la dernière réunion du conseil consultatif de la Global Alliance Against Cholera. Le mardi 24 septembre, au Cosmos Club à Washington, DC, États-Unis, il a été question de nouvelles approches de lutte contre les épidémies en zone urbaine, de modèles pour prédire les vagues de choléra, et d’initiatives visant à prévenir les maladies liées à l'eau. Des représentants de la fondation Veolia, du CDC (Centers for Disease Control and Prevention), de l’Organisation panaméricaine de la santé, du Millennium Water, de Water 2020, de Catholic Relief Services, de l’Organisation des États américains, du Département d’État Américain, et des Universités du Maryland et de Floride ont pris part aux discussions.

Contrôle des vagues de choléra

En ce qui concerne le contrôle des épidémies, Sandy Moore, consultante en choléra auprès de la fondation Veolia, a décrit une nouvelle stratégie WASH ciblée mise en œuvre à Kinshasa qui a permis de maîtriser rapidement la récente épidémie de choléra dans la ville. La stratégie de réponse, élaborée par le Pr. Didier Bompangue et ses collègues de la République Démocratique du Congo (RDC), prévoyait un ensemble d’interventions WASH spécifiques ciblant les ménages, les voisins proches et les espaces publics. L’ensemble était axé sur l’approvisionnement en eau d’urgence, le traitement et le stockage de l’eau à domicile, la désinfection et la promotion de l’hygiène. L’évaluation du nombre hebdomadaire de cas de choléra après la mise en œuvre de la réponse dans les zones de santé les plus touchées a montré une diminution moyenne de 57 % après deux semaines, et de 86 % après quatre semaines. Une approche similaire pourrait être utile pour arrêter rapidement la transmission du choléra dans d'autres contextes urbains, avec les adaptations appropriées.

Prédiction des épidémies

Sur l’anticipation des épidémies, Rita Colwell, spécialiste du choléra à l’Université du Maryland et à l’École de Santé Publique Bloomberg Johns Hopkins, et Antar Jutla, spécialiste du choléra à l’Université de Floride, ont présenté leur modèle de prédiction des vagues de choléra mis au point avec la NASA.

L’équipe de la fondation Veolia présente à Washington : Thierry Vandevelde, Délégué général, Romain Verchère, Chargé de mission, et les consultants Sandy Moore et Sy Rotter.

En Haïti, après l’ouragan Matthew, le groupe a utilisé des données satellitaires sur les précipitations, la température de l’air, la trajectoire de l’ouragan et des informations sur les infrastructures WASH pour suivre l’évolution des conditions environnementales propices au développement de vibrions pathogènes et pour prévoir la probabilité de cas de choléra. Cette initiative a également été appliquée au Yémen avec l’UNICEF pour prévoir les zones susceptibles de connaître une épidémie de choléra et orienter par la suite les interventions de santé publique.

Mesures de prévention des maladies hydriques

En ce qui concerne la prévention des maladies liées à l’eau, Eric Mintz, épidémiologiste du choléra au CDC d'Atlanta, Thierry Vandevelde, délégué général  et Romain Verchère, chargé de projet à la fondation Veolia en France, ont discuté de projets visant à améliorer les conditions WASH dans plusieurs pays, dont la Tanzanie, le Kenya et la RDC. Eric Mintz a présenté quelques exemples d’approches WASH innovantes susceptibles d’être utilisées pour la prévention du choléra dans les « hotspots ».

Dans le premier exemple, un programme de chloration en masse a été mis en place pour prévenir la résurgence des cas de choléra dans les zones sensibles en Tanzanie. En dehors des épidémies, les vendeurs d’eau ont reçu de grosses tablettes de chlore (8,68 g) pour traiter l’eau avant la distribution. Selon Rajasingham et al. (2019), du chlore résiduel libre a été détecté dans 12 % des réservoirs au départ et 69,6 % au cours de l'évaluation, et le programme a été largement accepté par les vendeurs d’eau. Dans le deuxième exemple, une entreprise sociale kényane, Sanivation, a mis au point un modèle commercial visant à fournir des services d’assainissement à la population, à créer des emplois locaux, à prévenir la pollution de l’environnement et à préserver les arbres en créant une source alternative de combustible. À l’aide de toilettes domestiques à base de conteneurs, les matières fécales sont collectées et traitées via l'énergie solaire. Les déchets fécaux sont ensuite transformés en biocombustibles qui sont ensuite vendus au public à des prix raisonnables.

Programme de création d’infrastructures en RDC

Romain Verchère a évoqué le projet de développement, de réhabilitation et d’extension de l’infrastructure d’eau potable mené à Uvira, un site endémique dans la province du Sud-Kivu, en RDC. Ce projet multidisciplinaire et ambitieux, cofinancé par la fondation Veolia, implique une équipe d’épidémiologistes, d’ingénieurs et d’organisations humanitaires. Initialement, les hotspots du choléra en RDC ont été identifiés pour le ciblage suite à une analyse spatio-temporelle de la dynamique du choléra dans le pays sur une période récente de cinq ans. À Uvira, sur la rive nord du lac Tanganyika, le projet visait à apporter des améliorations structurelles au réseau d’eau potable, à renforcer les capacités de la Regideso, en charge du service public de l’eau, ainsi qu’à renforcer la communauté et à promouvoir l’hygiène. En septembre 2019, les objectifs de doubler la capacité de production et d’améliorer les infrastructures étaient atteints à 90 %. Le travail restant consistera à mettre en service les robinets communautaires et à installer 3 000 connexions de foyers dans les quartiers d’Uvira, selon une approche randomisée pour permettre une étude d’impact.

Conduite par la London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) et le ministère de la Santé de la RDC, cette étude, actuellement en cours, vise à analyser les dynamiques de choléra signalées dans les centres de traitement avant, pendant et après le projet. Le projet de construction devrait être terminé en octobre 2020.

Les projets présentés ont démontré les progrès accomplis dans la réalisation de la feuille de route de la GAAC. Ils sont également une base de travail pour adapter les approches et mettre au point de nouvelles stratégies pour améliorer les efforts de lutte, de préparation et de prévention du choléra.


 

Bibliographie :

Bompangue et al. Description of the targeted WASH response strategy implemented during the cholera outbreak of 2017-2018 in Kinshasa, DRC. Under peer review at BMC Infectious Diseases.

Khan et al. Assessment of Risk of Cholera in Haiti following Hurricane Matthew. Am J Trop Med Hyg. 2017 Sep;97(3):896-903. doi: 10.4269/ajtmh.17-0048. Epub 2017 Jul 27.

Rajasingham et al. Evaluation of an Emergency Bulk Chlorination Project Targeting Drinking Water Vendors in Cholera-Affected Wards of Dar es Salaam and Morogoro, Tanzania. Am J Trop Med Hyg. 2019 Jun;100(6):1335-1341. doi: 10.4269/ajtmh.18-0734.

Murphy et al. Efficacy of a solar concentrator to Inactivate E. coli and C. perfringens spores in latrine waste in Kenya. Sci Total Environ. 2019 Nov 15;691:401-406. doi: 10.1016/j.scitotenv.2019.07.019. Epub 2019 Jul 2