La nouvelle stratégie de réponse ciblée mise en œuvre lors de l'épidémie de choléra à Kinshasa

Fin 2017 à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, une épidémie de choléra s'est déclenchée, avec un risque potentiel de propagation rapide dans la ville. Dans un article récent publié par BMC Infectious Diseases, le Professeur Didier Bompangue et ses collègues décrivent une nouvelle stratégie de réponse ciblée en matière d'eau et d'hygiène qui a été mise en œuvre pour contrôler rapidement l'épidémie.

La Global Task Force for Cholera Control a récemment établi une stratégie pour mettre fin aux épidémies de choléra dans 20 pays et réduire de 90 % les décès liés au choléra d'ici 2030(1). L'approche multisectorielle implique une détection précoce et une réponse rapide et ciblée pour contenir les épidémies. Cependant, le contrôle rapide des épidémies de choléra dans les zones urbaines peut constituer un défi majeur, en raison de la nature potentiellement explosive du choléra dans les zones surpeuplées(2, 3).

En 2017, la République démocratique du Congo (RDC) a connu la plus grande épidémie de choléra depuis 1994, avec environ 56 000 cas de choléra signalés dans tout le pays(4). A Kinshasa, la capitale de la RDC, la maladie s'est déclenchée, avec un risque potentiel de propagation rapide dans la ville.

Dans un article récent publié par BMC Infectious Diseases, le Professeur Didier Bompangue et ses collègues décrivent une nouvelle stratégie de réponse ciblée en matière d'eau et d'hygiène qui a été mise en œuvre pour arrêter rapidement l'épidémie(5). Pour contrôler l'épidémie, les interventions en matière d'approvisionnement en eau et d'amélioration des pratiques d’hygiène ont ciblé les foyers des patients, les voisins proches et les lieux publics dans des groupes de cas (« les clusters »). La mise en œuvre des interventions a été organisée en subdivisant chaque cluster en une grille. Les interventions au niveau des ménages se sont concentrées sur le traitement et le stockage de l'eau, la désinfection des domiciles et la promotion de l'hygiène. Les interventions dans les lieux publics comprenaient l’installation de réservoirs d'eau flexibles, l’installation de points de chloration de l'eau, l’installation de points de lavage des mains et des campagnes de promotion de la santé(5).

De janvier 2017 à novembre 2018, un total de 1 712 cas suspects de choléra ont été signalés à Kinshasa. L'étude a montré qu'après la mise en œuvre de la réponse, l'épidémie à Kinshasa a été rapidement contrôlée. Le nombre hebdomadaire de cas de choléra dans les zones de santé les plus touchées – Binza Météo, Kintambo et Limeté – a diminué en moyenne de 57 % après deux semaines et de 86 % après quatre semaines. Le nombre total de cas hebdomadaires dans toute la province de Kinshasa a diminué de 71 % quatre semaines après le pic de l'épidémie(6).

Cette stratégie réussie s'appuie sur des études antérieures qui ont montré le risque accru d'infection par le choléra pour les contacts familiaux des patients atteints de choléra (6) et parmi les voisins proches des cas de choléra(7).

Les épidémies de choléra qui se développent dans les zones urbaines finissent souvent par s'étendre aux zones à risque voisines(8-10). C’est pourquoi des stratégies efficaces de lutte contre les épidémies en milieu urbain peuvent jouer un rôle majeur dans le contrôle et la prévention de la maladie au niveau local, national et régional. Pour arrêter la transmission du choléra dans d'autres villes vulnérables et réduire l'expansion des épidémies, l’approche décrite par le Professeur Didier Bompangue et ses collègues peut être adaptée et mise en œuvre dans d'autres contextes urbains.

Références :

1.          GTFCC. Declaration to Ending Cholera [Internet]. 2017. Available from: https://www.who.int/cholera/task_force/declaration-ending-cholera.pdf?ua=1

2.          Sack DA, Sack RB, Nair GB, Siddique AK. Cholera. 2004;363:223–33.

3.          World Health Organisation. Prevention and control of cholera outbreaks: WHO policy and recommendations [Internet]. 2018. Available from: http://www.who.int/cholera/prevention_control/en/

4.          World Health Organization. Cholera case and death numbers by country [Internet]. The Weekly Epidemiological Record. Available from: https://www.who.int/wer/en/

5.          Bompangue D, Moore S, Taty N, Impouma B, Sudre B, Manda R, et al. Description of the targeted water supply and hygiene response strategy implemented during the cholera outbreak of 2017-2018 in Kinshasa, DRC. BMC Infect Dis. 2020;20(226):1–12.

6.          Kone-Coulibaly A, Tshimanga M, Shambira G, Gombe N, Chadambuka A, Chonzi P, et al. Risk factors associated with cholera in Harare City, Zimbabwe, 2008. East Afr J Public Heal. 2010;7(4):311–7.

7.          Azman A, Alcalde FJL, Salje H, Naibei N, Adalbert N, Ali M, et al. Micro-hotspots of Risk in Urban Cholera Epidemics. bioRxiv. 2018 Jan;248476.

8.          Rebaudet S, Mengel MA, Koivogui L, Moore S, Mutreja A, Kande Y, et al. Deciphering the Origin of the 2012 Cholera Epidemic in Guinea by Integrating Epidemiological and Molecular Analyses. PLoS Negl Trop Dis. 2014;8(6):e2898.

9.          Moore S, Dongdem AZ, Opare D, Cottavoz P, Fookes M, Sadji AY, et al. Dynamics of cholera epidemics from Benin to Mauritania. PLoS Negl Trop Dis. 2018;12(4):1–16.

10.        WHO. Somalia Emergency Weekly Health Update (May 5-11, 2012). 2012.