Publication scientifique : un modèle qui prédit la qualité et la quantité d'eau domestique basée sur le niveau d’accès à l’eau au robinet

Dans le cadre de la lutte contre les maladies diarrhéiques et le choléra en particulier en République démocratique du Congo, un projet de réhabilitation et d’extension des infrastructures d’accès à l’eau à Uvira est en cours. Une étude récente a développé des modèles prédictifs pour estimer la probabilité de contamination microbienne de l'eau potable des ménages et la quantité d'eau utilisée à la maison pour les activités domestiques, afin d'évaluer le projet.

Crédits : Charlotte Lauff

Dans de nombreux pays en voie de développement, le manque d’accès à l’eau potable reste un problème majeur de santé publique, favorisant les maladies diarrhéiques telles que le choléra. La République démocratique du Congo (RDC) est l'un des rares pays où l'accès à l'eau potable à domicile a diminué au cours des 30 dernières années [1]. Uvira, la seconde plus grande ville de la province du Sud-Kivu en RDC, est considéré comme un cholera hotspot à partir duquel la maladie se propage régulièrement à d'autres zones à risque [2, 3]. Dans le cadre de la lutte contre les maladies diarrhéiques et le choléra en particulier, un projet de réhabilitation et d’extension des infrastructures d’accès à l’eau à Uvira est en cours depuis septembre 2018. Le projet est financé par l'Union européenne, l'Agence française de développement et la fondation Veolia.

Dans le cadre d'une évaluation de l'impact du projet, une étude récente d'Aurélie Jeandron et de ses collègues, publiée dans "NPJ Clean Water", a développé et évalué des modèles prédictifs pour estimer :

  1. La probabilité de contamination microbienne de l'eau potable des ménages ;
  2. La quantité d'eau utilisée à la maison pour les activités domestiques. Trois paramètres ont été utilisés pour les analyses : la composition démographique du ménage, le niveau d’accès à l’eau au robinet et la distance du lac ou de la rivière la plus proche (qui peut être utilisé comme source d'eau)[4].

Les résultats ont montré que plus de 80 % des ménages vivant dans les zones les plus proches des rivières et avec un service d'accès à l’eau le plus bas stockent de l'eau de boisson contaminée. Le risque de contamination associé au transport ou au stockage de l'eau diminue lorsque la distance à un robinet d’eau diminue, même pour les ménages situés à proximité d'un plan d'eau. Par ailleurs, la quantité d'eau consommée ne diminue qu'avec l'augmentation de la distance à une rivière ou un lac si le plan d'eau le plus proche est à plus de 500 mètres[4].

L’étude montre que des facteurs externes jouent un rôle important dans la contamination de l'eau stockée à domicile par les ménages. Le modèle donne des résultats robustes pour les ménages les plus pauvres, ce qui implique que ces ménages sont plus dépendants de facteurs externes, avec peu de mécanismes de résilience (par exemple, des conteneurs de stockage améliorés, le traitement de l'eau à domicile)[4].

En conclusion, ces résultats fournissent des informations importantes qui soutiennent le projet d'infrastructure en cours à Uvira. Cette approche mérite d’être répliquée et documentée dans d'autres contextes où l’accès à l’eau est limité.


Références :

  1. World Health Organization & UNICEF. Progress on drinking water, sanitation and hygiene: 2017 update and SDG baselines (World Health Organization, Geneva, 2017).
  2. Bompangue, D. et al. Lakes as source of cholera outbreaks, Democratic Republic of Congo. Emerg. Infect. Dis. 14, 798–800 (2008). 
  3. Brecht, I. et al. Recurrent cholera outbreaks, Democratic Republic of the Congo, 2008–2017. Emerg. Infect. Dis. J. 25, 856 (2019).
  4. Jeandron et al. Predicting quality and quantity of water used by urban households based on tap water service. NPJ Clean Water. 2:23 (2019).