La guerre civile en cours au Soudan entre les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide s'est intensifiée pour devenir une grave catastrophe humanitaire. Le conflit a provoqué de nombreux déplacements de population, endommagé des infrastructures essentielles (1) et rendu la population vulnérable aux épidémies de maladies infectieuses.
Au milieu du conflit armé, une épidémie de choléra a frappé le pays en 2023 (2). D'août 2023 à avril 2024, l'épidémie s'est étendue à presque l'ensemble du pays, les États de l'est du Soudan étant les plus touchés (Mer Rouge, Gadarif, Gezira et Nil Blanc) (2). En janvier 2025, plus de 50 000 cas de choléra ont été signalés au Soudan (3).
Le conflit soudanais a également déclenché une crise au-delà des frontières du pays. En raison du conflit, les populations déplacées ont fui le Soudan et se sont réfugiées dans des pays voisins tels que le Sud-Soudan et l'Éthiopie. Ces pays voisins doivent donc gérer à la fois l'afflux de réfugiés et les épidémies de choléra transfrontalières, ce qui met à rude épreuve les capacités et les ressources locales (1). L'incapacité à faire face aux épidémies, en particulier dans les zones de conflit, peut avoir des conséquences catastrophiques pour l'ensemble de la région (1).
Le Soudan a du mal à contenir l'épidémie de choléra en raison du conflit en cours. Les combats ont endommagé les infrastructures de santé essentielles et la violence empêche les gens d'accéder aux soins en toute sécurité (2). Le conflit a également provoqué la fuite du personnel de santé, ce qui a aggravé la crise. D'autres facteurs entravent la réponse, notamment une surveillance inadéquate (par exemple, aux points d'entrée), une préparation limitée et un engagement communautaire insuffisant (2). Dans l'État de Gadaref, une étude a montré que le conflit a limité la capacité du gouvernement à coordonner et à financer les efforts de préparation et de réponse aux épidémies (4).
Un article récent d’Ibrahim Nagmeldin Hassan a mis en lumière les interventions nécessaires pour répondre à la crise. Pour fournir des services de santé aux populations des zones touchées par les conflits, il est important de reconstruire les hôpitaux, d'assurer la sécurité des personnels de santé et de fournir le matériel médical nécessaire au traitement des patients. Il est également essentiel d'améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés. Plus précisément, il faut améliorer l'accès à l'eau potable, aux installations sanitaires et à l'hygiène afin de prévenir les maladies d'origine hydrique telles que le choléra. Toutefois, le Soudan ne peut pas s'attaquer seul à cette situation complexe. La communauté internationale doit reconnaître que cette crise sanitaire est une préoccupation mondiale. Une réponse immédiate, coordonnée et durable est essentielle pour faire face à cette urgence humanitaire. Les auteurs ont également souligné qu'une restauration complète du système de santé n'est possible qu'une fois que la violence aura cessé (1).
Pour plus d'informations, l'article complet est disponible ici.
Références
- Hassan IN, Abuassa N, Ibrahim M. The Sudan conflict: A catalyst for the spread of infectious diseases in displaced populations. Int J Infect Dis. 2025 Feb;151:107326.
- El-Bushra H, Izzoddeen A, Haroun A, ElBushra E, Abualgasim H, Abasher M, et al. Multistate cholera outbreak in Sudan amid ongoing armed conflict, 2023-2024. Int J Infect Dis. 2025 Apr;153:107788.
- UNICEF. Cholera in Sudan | UNICEF Sudan [Internet]. 2025 Jan [cited 2025 Apr 20]. Available from: https://www.unicef.org/sudan/stories/cholera-sudan
- Izzoddeen A, Abualgasim H, Abasher M, Elnoor H, Magbol M, Fadlelmoula S, et al. Cholera in conflict: outbreak analysis and response lessons from Gadaref state, Sudan (2023-2024). BMC Public Health. 2025 Mar 5;25(1):881.
Carte © Dinamik, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons