Épidémie de choléra en cours au Yémen

L'épidémie de choléra au Yémen continue de représenter l'une des pires épidémies de choléra de l'histoire récente, avec plus de 2,5 millions de cas suspects signalés depuis 2016. Plusieurs facteurs ont contribué à la propagation rapide et à la persistance de la maladie, notamment le conflit en cours dans le pays et l'accès limité tant à l'eau potable qu'aux installations sanitaires améliorées.
Yemen Location map relief | Carport, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons

L'épidémie de choléra qui sévit actuellement au Yémen dure depuis octobre 2016. Pendant les premières phases de l'épidémie, il a été rapporté que le choléra tuait une personne par heure. Avec plus de 2,5 millions de cas suspects et environ 4 000 décès (1,2), cette crise continue de représenter l’une des pires épidémies de choléra de l’histoire récente.

Bien que le nombre annuel de cas ait diminué par rapport aux premières phases de l’épidémie, 230 540 cas suspects de diarrhée aqueuse aiguë/choléra et 84 décès ont été signalés en 2020, et 5 676 cas suspects et deux décès ont été signalés entre le 1er janvier et le 6 mars 2021 (3).

Plusieurs facteurs ont contribué à la propagation initiale rapide et à la persistance de l’épidémie, notamment le conflit en cours dans le pays (4) et l’accès limité à l’eau potable et à des installations sanitaires. Seuls 55 % de la population rurale et 79 % de la population urbaine ont accès à des sources d’eau de base. On estime que 30 % des personnes qui vivent dans les zones rurales pratiquent la défécation à l’air libre (5). Avec la destruction des installations de soins et l’insécurité, le faible accès aux services de santé a également favorisé la transmission du choléra : plus de la moitié des installations de santé ne sont pas fonctionnelles (2).

Depuis 2020, la pandémie de Covid-19 a augmenté la pression sur le système de santé au Yémen, déjà au bord de l'effondrement, aggravant ainsi l’accès de la population aux services de santé (2). Au 10 mars 2021, les autorités sanitaires du Yémen ont signalé 2 590 cas confirmés de Covid-19, avec 655 décès associés (2). Étant donné que seuls les cas graves ont été testés, le taux réel de transmission du Covid-19 au niveau communautaire reste incertain (6).

La réponse à l’épidémie de choléra a inclus la prise en charge des patients ; la surveillance et la capacité de diagnostic en laboratoire ; la cartographie des « hotspots » ; les campagnes de vaccination ; la communication des risques et les interventions en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène (2). Comme de nombreuses personnes dans les districts ruraux ont des difficultés à atteindre les centres de soins, des équipes fixes et mobiles entrent directement en contact avec les ménages, distribuant des kits d'hygiène avec des comprimés de chlore et des jerrycans, ainsi que des messages de sensibilisation à l'hygiène (2,6). Outre le renforcement de ces efforts de lutte contre le choléra, il est essentiel de sensibiliser le public à l'impact du conflit actuel sur la santé et le bien-être de la population yéménite.

References

1.      World Health Organization. Cholera case and death numbers by country [Internet]. The Weekly Epidemiological Record. Available here.

2.      WHO EMRO. Emergency Health and Nutrition Project continues the fight against cholera in Yemen [Internet]. 2021. Available here.

3.      UNICEF. Yemen Humanitarian Situation Report, February 2021 [Internet]. 2021. Available here.

4.      Blackburn CC, Lenze  Jr PE, Casey RP. Conflict and Cholera: Yemen’s Man-Made Public Health Crisis and the Global  Implications of Weaponizing Health. Heal Secur. 2020;18(2):125–31.

5.      WHO, UNICEF. WHO/UNICEF Joint Monitoring Programme for Water Supply, Sanitation and Hygiene (JMP) [Internet]. Household WASH data, per country. 2019 [cited 2019 Nov 27]. Available here.

6.      UNICEF. Yemen Humanitarian Situation Report, January 2021 [Internet]. 2021. Available here.

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Crédits carte Yémen : Carport, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons