Les épidémies de choléra liées à la sécheresse en Afrique et les implications du changement climatique : un examen narratif

L'Afrique a été touchée par plusieurs sécheresses prolongées et extrêmes. La sécheresse facilite les épidémies de choléra par le biais d'une variété de mécanismes potentiels. Charnley et al. examinent les mécanismes spécifiques à la sécheresse qui jouent un rôle dans les épidémies de choléra et les effets du changement climatique sur les futures sécheresses et épidémies de choléra.

L'Afrique a été touchée par plusieurs sécheresses prolongées et extrêmes, provoquant une insécurité alimentaire et des déplacements humains. Pour les populations ayant un accès limité aux installations d'eau, d'assainissement et d'hygiène (WASH), les conséquences des conditions de sécheresse peuvent augmenter le risque d'épidémies de maladies infectieuses, dont le choléra. Dans une revue récente, Charnley et al. ont cherché à identifier les mécanismes spécifiques à la sécheresse qui jouent un rôle dans les épidémies de choléra. Ils examinent également les effets du changement climatique sur les sécheresses et les épidémies de choléra à venir, dans le but d'informer les plans de réponse et de résilience face à la sécheresse (1).

La sécheresse facilite les épidémies de choléra par une variété de mécanismes potentiels (1). La bactérie responsable du choléra, Vibrio cholerae O1, est transmise par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des matières fécales provenant d'un cas de choléra (2). Pendant une période de sécheresse, la pénurie d'eau peut obliger les gens à consommer de l'eau provenant de sources non sûres et à adopter des mauvais comportements hygiéniques, augmentant ainsi le risque de transmission du choléra pendant une épidémie (1).

Photo © Médiathèque Veolia - Christophe Majani d'Inguimbert
Photo © Médiathèque Veolia - Christophe Majani d'Inguimbert

Lorsque la sécheresse provoque une insécurité alimentaire par les mauvaises récoltes, de la perte de bétail et de la famine, les aliments sont souvent moins cuits pour préserver le combustible. Le manque de nourriture disponible accroît également la dépendance aux vendeurs de nourriture en bord de route, qui sont souvent mal réglementés et adoptent des mauvais comportements hygiéniques. Ces deux scénarios augmentent le risque de transmission de bactéries d'origine alimentaire. En outre, la famine induite par la sécheresse provoque également la malnutrition, qui entraîne une diminution de la fonction immunitaire et une vulnérabilité accrue au choléra et à d'autres maladies infectieuses (1).

La sécheresse peut également entraîner des migrations et des déplacements humains, qui ont été associés à des épidémies de choléra en raison des conditions de vie précaires et de l'accès limité aux infrastructures WASH. La perturbation des moyens de subsistance en milieu rural accélère également l'expansion urbaine, obligeant les gens à chercher du travail dans les zones urbaines, ce qui accroît l'expansion des établissements urbains informels. Dans les établissements urbains informels, l'accès aux sources d'eau potable est souvent limité. Dans ces contextes, les puits sont souvent non réglementés et non protégés, ce qui les rend vulnérables à la contamination bactérienne, tandis que les puits privés creusés par les résidents sont souvent peu profonds (<1 m), facilement contaminés par les eaux souterraines et les débordements des latrines. Les résidents sont souvent obligés d'improviser avec des sources d'eau potable souvent peu sûres. La planification urbaine devrait envisager d'augmenter la demande en eau afin de réduire ces risques (1).

Le changement climatique pourrait modifier les précipitations, les températures et les schémas de sécheresse à l'avenir, entraînant des épisodes de sécheresse plus extrêmes. Les schémas spatiaux de sécheresse et le risque de sécheresse en Afrique sont également susceptibles d'évoluer dans le temps. L'oscillation australe El Niño s'est déjà modifiée en raison du changement climatique, et les années El Niño pourraient devenir plus fréquentes et plus intenses avec le changement climatique, ce qui pourrait avoir un impact sur la fréquence des sécheresses. Bien que les prévisions concernant les sécheresses futures soient incertaines, les projections d'El Niño ont prévu des conditions plus sèches sur l'Afrique orientale et australe en raison de la variabilité accrue des précipitations. Dans les zones frappées par la sécheresse, les communautés rurales les plus pauvres sont souvent les plus touchées, en raison de leur dépendance à l'égard de l'agriculture et de leur incapacité à se procurer d'autres sources d'eau potable. À l'avenir, le changement climatique aura probablement un impact plus important sur les populations les plus pauvres, car elles ne disposent pas des ressources nécessaires pour s'adapter à l'évolution de l'environnement. L'augmentation de la fréquence et/ou de la durée des sécheresses est susceptible d'accroître le fardeau du choléra en l'absence de contre-mesures (par exemple, l'amélioration des infrastructures WASH) (1).

Pour réduire les impacts de la sécheresse, il est essentiel d'atténuer les vulnérabilités de la population à l'avance, permettant ainsi aux gens de mieux s'adapter à un environnement changeant. Cela peut se faire en améliorant la couverture WASH et l'accès à des sources alternatives de nourriture. La réponse et les plans des gouvernements doivent être renforcés, et il faut travailler davantage pour accroître l'autosuffisance des pays afin de soutenir la prévention des catastrophes en parallèle des réponses rapides et ciblées. Le renforcement des plans de réponse aux sécheresses et des accords sur l'eau entre pays permettrait une meilleure gestion de l'eau et un meilleur partage des ressources, ainsi qu'une assistance rapide pendant les sécheresses et les épidémies de choléra qui en découlent. Les programmes devraient être ciblés en fonction des évaluations des besoins de la population et de l'identification des zones à risque. Dans l'ensemble, la santé publique et la réduction des risques de catastrophe devraient réduire les conséquences de la sécheresse sur le choléra et alléger le fardeau de la maladie en Afrique (1).

References

1.            Charnley GEC, Kelman I, Murray KA. Drought-related cholera outbreaks in Africa and the implications for climate change : a narrative review. Pathog Glob Health [Internet]. 2021 ; 1–10. Available from : https://doi.org/10.1080/20477724.2021.1981716

2.            Harris JB, Larocque RC, Qadri F, Ryan ET, Calderwood SB. Cholera. Lancet. 2012 ; 379:2466–76.