Interventions ciblées sur des zones de cas pour lutter contre le choléra : une revue

Les interventions ciblées sur des zones de cas empêchent la propagation du choléra en concentrant les mesures de lutte sur les foyers de cas. Une récente étude le démontre.
Photo © Isabelle Serro/ISP

Une récente étude qui vise à évaluer l'efficacité des interventions a montré que le traitement de l'eau au point d'utilisation, la promotion de l'hygiène et la chimioprophylaxie antibiotique peuvent rapidement réduire la transmission du choléra au sein des familles.

Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë causée par l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par Vibrio cholerae O1 ou O139 (1). Une fois qu'un individu a contracté le choléra, la transmission ultérieure de la maladie est due à de mauvaises pratiques d'hygiène ainsi qu'à un accès insuffisant à l'eau, aux installations sanitaires et aux services de santé (1,2). Les voisins proches des cas de choléra courent souvent un risque particulièrement élevé de contracter la maladie.

Pour lutter contre les épidémies de choléra, les interventions multisectorielles ciblent généralement de vastes zones considérées comme présentant un risque d'infection. En 2017, la Global Task Force on Cholera Control a proposé une stratégie ciblée qui met l'accent sur l'utilisation d'équipes de réponse rapide qui mènent des interventions visant les “foyers de cas” (CATIs [case-area targeted interventions) (3). Les mesures de réponse rapide qui ciblent les foyers de choléra et les ménages à proximité des cas peuvent réduire, voire arrêter, la transmission de la maladie, surtout lorsque des groupes de cas sont détectés de manière précoce.

Une étude récente de Ratnayake et al. a examiné l'efficacité des interventions visant à limiter rapidement la transmission, la durée et la zone spatiale optimale de l'intervention, et la faisabilité des interventions (4). L'étude a évalué les rapports des CATIs menées à Douala (Cameroun), en Haïti, à Dhaka (Bangladesh), à Juba (Sud-Soudan), dans la vallée de Katmandou (Népal), au Yémen et à Kinshasa (République démocratique du Congo).

Pour réduire efficacement la propagation de la maladie, les interventions doivent cibler rapidement les principales voies de transmission. Les auteurs ont constaté que le traitement de l'eau au point d'utilisation (par exemple, avec des comprimés de chlore), la promotion de l'hygiène et la chimioprophylaxie antibiotique peuvent réduire rapidement la transmission au sein des ménages. Les actions rapides telles que les interventions en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène (EAH) au niveau des foyers sont essentielles. Le traitement de l'eau de boisson et l'amélioration des comportements de lavage des mains ciblent directement la cause fondamentale de la transmission. La chimioprophylaxie antibiotique peut également protéger les personnes infectées et non infectées et il a été démontré qu'elle augmentait l'effet des interventions EAH ciblées. En outre, la vaccination à dose unique a prolongé la durée de la protection dans la zone d’intervention (4).

Une réponse efficace dépend également de la détermination de la durée et du rayon appropriés pour la zone d'intervention. Quatre études ont indiqué une zone à haut risque de 50 à 100 mètres de rayon pendant sept jours dans des contextes urbains et ruraux, ce qui était probablement associé à une transmission intense dans les foyers et à des facteurs de risque partagés entre les foyers (4).

Bien que les CATIs soient prometteurs pour le contrôle des épidémies de choléra, l'efficacité des interventions dépend essentiellement de la capacité de surveillance pour détecter les cas de manière précoce.

References

1. Kaper JB, Morris JG, Levine MM. Cholera. Clin Microbiol Rev. 1995;8(1):48–86. 

2. Sack DA, Sack RB, Nair GB, Siddique AK. Cholera. 2004;363:223–33. 

3. GTFCC. Ending Cholera - A Global Roadmap to 2030 [Internet]. 2017 Oct. Available here.

4. Ratnayake R, Finger F, Azman AS, Lantagne D, Funk S, Edmunds WJ, et al. Highly targeted spatiotemporal interventions against cholera epidemics, 2000-19: a scoping review. Lancet Infect Dis. 2021 Mar;21(3):e37–48.