Vers l'élimination du choléra en Haïti

Le dernier cas de choléra en Haïti a été signalé en février 2019. Dans un article récent, le Dr Rebaudet et ses collègues décrivent comment les interventions ciblées par zone de cas menées par les équipes d'intervention rapide ont joué un rôle clé dans l'arrêt de la transmission du choléra dans le pays.

Depuis que le choléra a été importé en Haïti en 2010, le pays a signalé un total de 813 972 cas suspects et 9 614 décès (1). Pour contrôler le choléra dans le pays, une stratégie de réponse rapide à l'échelle nationale a été mise en œuvre en juillet 2013, qui visait à détecter les épidémies locales et à envoyer des équipes de réponse rapide afin de mener des interventions ciblées sur les zones de cas (en anglais, case-area targeted interventions, CATIs) chez les cas et leurs voisins proches (2).

De juillet 2013 à décembre 2019, l'UNICEF a recensé 48 710 CATIs mises en œuvre à travers 139 communes, dont environ 71 % des interventions comportaient l’ensemble des activités : décontamination des maisons par pulvérisation de chlore, éducation sanitaire sur le choléra, distribution de savon et de comprimés de chlore, et distribution d'une prophylaxie antibiotique aux contacts proches des cas de choléra (3).

Depuis 2016, le nombre de cas suspects de choléra en Haïti a diminué chaque année (1). Le dernier cas de choléra observé dans le pays a été signalé en février 2019, à L'Estère, dans le département de l'Artibonite (3). Depuis, chacun des 5 223 échantillons de selles a été testé négatif pour Vibrio cholerae O1 (3).

D'après l'analyse des interventions menées en Haïti depuis 2013, les CATIs menées par les équipes d'intervention rapide ont joué un rôle clé dans l'arrêt de la transmission du choléra. La question cruciale est maintenant de savoir si le Vibrio cholerae O1 s'est installé dans l'environnement en Haïti et pourrait conduire à la réémergence de flambées de choléra. Cependant, les souches n'ont été isolées que sporadiquement dans les eaux de surface en Haïti et généralement en même temps que des cas de choléra locaux, probablement en raison d'une contamination fécale. En outre, la dernière souche épidémique de Vibrio cholerae O1 trouvée dans les eaux de surface a été isolée en novembre 2015. La récurrence du choléra après des périodes d'accalmie peut probablement provenir d'une transmission interhumaine de faible intensité et sous-déclarée plutôt que de réservoirs environnementaux (3).

Si la tendance actuelle se poursuit, Haïti déclarera officiellement l'élimination du choléra en 2022. Ce succès devrait encourager les investissements dans les infrastructures d'eau, d'assainissement et d'hygiène, qui protégeront Haïti contre d'éventuelles futures épidémies de choléra et contre d'autres maladies hydriques restantes.

References

  1. World Health Organization. Cholera case and death numbers by country [Internet]. The Weekly Epidemiological Record. Available from: https://www.who.int/wer/en/
  2. Rebaudet S, Bulit G, Gaudart J, Michel E, Gazin P, Evers C, et al. The case-area targeted rapid response strategy to control cholera in Haiti: a four-year implementation study. PLoS Negl Trop Dis. 2019;13(4):e0007263.
  3.  Rebaudet S, Dély P, Boncy J, Henrys JH, Piarroux R. Toward Cholera Elimination, Haiti. Emerg Infect Dis. 2021;27(11):2932–6.