L'OMS signale une forte augmentation des cas de choléra en 2023, dépassant les chiffres enregistrés en 2022

En 2023, l'Afrique a connu une augmentation de 125 % des cas de choléra et de 62 % des décès dus au choléra par rapport à 2022. L'OMS a formulé plusieurs recommandations pour faire face à cette crise sanitaire.

Selon le récent rapport de l'OMS, les cas de choléra ont augmenté en 2023, avec 535 321 cas signalés, soit une hausse de 13 % par rapport à 2022. Pendant cette période, la répartition géographique des épidémies a considérablement changé : le Moyen-Orient et l'Asie ont enregistré une diminution de 32 % du nombre de cas, tandis que l'Afrique a connu une augmentation de 125 % (21 pays ont signalé 225 857 cas). Le nombre de décès dus au choléra en Afrique a également augmenté de 62 % par rapport à l'année précédente (3 167 décès signalés en 2023, taux de létalité = 1,4 %)1.

Situation dans les pays africains

En Afrique, des flambées très importantes (plus de 10 000 cas) ont été signalées en République démocratique du Congo (RDC), en Éthiopie, au Malawi, au Mozambique, en Somalie et au Zimbabwe. Trois de ces pays - l'Éthiopie, le Mozambique et la Somalie - se sont révélés être les plus menacés par les conséquences de l'épisode El Niño de 2023. L'Afrique du Sud, le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe ont tous signalé des nombres de cas supérieurs à ceux enregistrés au cours des cinq années précédentes. La RDC a signalé 52 654 cas en 2023, ce qui représente 23 % de tous les cas signalés sur le continent et près de trois fois le nombre de cas signalés dans le pays en 2022. La recrudescence des épidémies de choléra en RDC est principalement due au conflit en cours dans l'est du pays, où le choléra est endémique. Le conflit a non seulement provoqué des déplacements répétés de population, mais a aussi considérablement entravé l'accès humanitaire1

Le taux de létalité élevé enregistré en Afrique est préoccupant, car un taux de létalité supérieur à 1 % suggère une qualité de traitement inadéquate. En outre, de nombreux pays d'Afrique ont signalé une forte proportion de décès au sein de la communauté, ce qui indique de problèmes d'accès au traitement.

Facteurs de risque du choléra en Afrique

L'accès limité à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène (WASH) est un facteur de risque majeur de choléra dans ces pays. Parmi les pays qui ont connu d'importantes épidémies, la RDC, l'Éthiopie, le Mozambique, la Somalie et le Zimbabwe avaient au moins une couverture en eau potable de base estimée à moins de 65 %2 Cette situation met en évidence un manque d'investissements à long terme dans le domaine du développement, en particulier dans les infrastructures WASH. D'autres facteurs ont contribué à l'augmentation des cas de choléra, notamment les conflits, le changement climatique et les déplacements de population dus aux risques émergents et réémergents1.

  1. WHO, Cholera, 2023. Available here.
  2. WHO, JMP, UNICEF. JMP Progress on Drinking Water, Sanitation and Hygiene [Internet]. 2022. Available from https://washdata.org

Recommandations de l'OMS

Pour faire face à cette crise sanitaire, l'OMS a formulé plusieurs recommandations1:

  • La surveillance devrait être renforcée, notamment par l'amélioration de la détection précoce, du diagnostic (y compris la confirmation en laboratoire), du suivi et de l'analyse des données afin d'identifier les populations vulnérables dans les zones à haut risque. En outre, le suivi en temps réel des taux de mortalité dans les établissements de santé et du nombre de décès dans les communautés permettra d'identifier les zones critiques et de cibler plus efficacement les interventions.

  • Les pays voisins des zones touchées par le choléra devraient renforcer la surveillance des maladies et la préparation à la détection et à l'intervention rapides en cas de transmission transfrontalière.

  • Résoudre la sous-déclaration ou à la non-déclaration des cas de choléra et des décès, ce qui entrave la détection précoce, la réponse et l'évaluation précise de la charge de morbidité et nuit au plaidoyer en faveur d'un investissement plus important dans la lutte durable contre le choléra.

  • La forte proportion de décès au sein de la communauté souligne la nécessité d'améliorer l'accès au traitement pendant les épidémies.

  • L'implication des communautés étant essentielle pour une réponse efficace aux épidémies, veiller à ce que la communication sur les risques et l'engagement des communautés soient intégrés dans les plans nationaux de lutte contre le choléra.

  • Plaider en faveur d'investissements à long terme dans des systèmes WASH résistants au changement climatique afin de réduire le risque de flambées récurrentes.