L’OMS tire la sonnette d’alarme face à la flambée du cholera en Afrique

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte sur l'aggravation de la situation mondiale du choléra. Depuis le début de l'année, la région africaine a recensé plus de 172 000 cas de choléra dans 23 pays, en raison du manque généralisé d'eau potable et d'assainissement, des conflits, des déplacements de population et des effets du changement climatique.
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L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte sur l'aggravation de la situation mondiale du choléra, avec une intensification des épidémies dans plusieurs pays.

Cette détérioration est largement due aux conflits persistants, à la pauvreté et à la fragilité des systèmes de santé.

Entre le 1er janvier et le 17 août 2025, la Région africaine de l'OMS a recensé 172 750 cas de choléra dans 23 pays. Par ailleurs, 3 763 décès liés au choléra (taux de létalité : 2,2 %) ont été signalés dans la région, ce qui témoigne de graves lacunes dans la prise en charge des cas et d'un accès tardif aux soins.

Des pays comme la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud et le Soudan connaissent des épidémies de choléra à grande échelle qui persistent depuis 2024 ou avant.

Ces trois pays connaissent un nombre élevé de cas et une transmission généralisée. Depuis le début de l'année, la République démocratique du Congo a signalé 46 800 cas (taux de létalité : 2,9 %), le Soudan du Sud a signalé 71 825 cas (taux de létalité : 1,7 %), et le Soudan a signalé 48 768 cas (taux de létalité : 2,2 %).

La maladie réapparaît également dans plusieurs pays qui n'avaient pas connu d'épidémie depuis des années, comme le Tchad et la République du Congo. La propagation dans des zones auparavant épargnées entrave les efforts d'endiguement et submerge les systèmes de santé fragiles, où une exposition antérieure limitée a conduit à une méconnaissance des mesures de prévention et de traitement, entraînant des retards de détection des cas et la recherche de soins. De ce fait, ces pays connaissent des taux de mortalité extrêmement élevés. Au Tchad, le premier cas suspect a été signalé le 13 juillet au camp de Dougui, dans le district sanitaire de Chokoyane (province du Ouaddaï), situé à environ 50 km de la frontière soudanaise. Entre le 13 juillet et le 19 août, le pays a signalé 776 cas de choléra, dont 53 décès (taux de létalité : 6,8 %). Il est frappant de constater que 27 décès sont survenus au sein de la communauté, mettant en évidence de graves lacunes dans l'accès rapide aux soins de santé. En République du Congo, l'épidémie a débuté dans le district de Brazzaville et s'est ensuite propagée aux districts le long du fleuve Congo. Entre le 23 juin et le 17 août 2025, le pays a signalé 457 cas suspects et 35 décès (taux de létalité : 7,7 %).

La transmission du choléra est favorisée par le manque généralisé d'eau potable et d'assainissement. 

Les épidémies sont encore exacerbées par les conflits et les effets du changement climatique (par exemple, sécheresses et inondations). Ces crises augmentent le risque de transmission du choléra en perturbant les systèmes d'approvisionnement en eau et d'assainissement et en contraignant les populations à vivre dans des conditions de surpopulation et d'insalubrité. L'insécurité et les déplacements de population entravent également les activités de surveillance et de réponse. Les migrations transfrontalières fréquentes liées au commerce, aux conflits et aux déplacements alimentent également la transmission du choléra au-delà des frontières nationales, soulignant le besoin urgent de coordonner les efforts de surveillance et de réponse.

Compte tenu de l'ampleur et de la gravité de ces épidémies, le risque de propagation du choléra, tant à l'intérieur des pays qu'au-delà des frontières nationales, est considéré comme très élevé. Une lutte efficace contre le choléra nécessite une stratégie coordonnée et multisectorielle intégrant une surveillance rigoureuse, des interventions WASH (eau, assainissement et hygiène), une prise en charge rapide des cas, la vaccination et un engagement communautaire actif par la mobilisation sociale et la communication sur les risques. Sans interventions urgentes de santé publique et sans soutien international, la transmission du choléra risque de s'étendre dans la région.