Résurgence du choléra en Haïti

Après plus de trois ans sans un seul cas de choléra en Haïti, le 2 octobre 2022, le ministère de la Santé publique et de la Population a signalé deux cas confirmés de choléra dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (dans les communes de Cité Soleil et de Port-au-Prince) et plusieurs cas suspects à travers le département de l'Ouest (1). La dernière épidémie de choléra en Haïti a causé environ 820 000 cas et près de 10 000 décès entre 2010 et 2019 (2). Le dernier cas confirmé de choléra dans le pays a été signalé en février 2019 (2).

Cette nouvelle épidémie de choléra éclate dans le contexte d'une crise humanitaire complexe, avec des troubles sociopolitiques majeurs et des violences liées aux gangs depuis le 12 septembre, ce qui remet considérablement en cause la réponse à l'épidémie (3). Le blocage par des gangs du terminal de carburant Varreux à Port-au-Prince, le principal terminal de carburant du pays, a entraîné de graves pénuries de carburant. En conséquence, les prix des carburants sont montés en flèche ; par exemple, un gallon d'essence se vend pour l'équivalent de 48 $ US dans la ville des Cayes (4).

Ces pénuries de carburant entravent l'aide humanitaire ainsi que la fourniture de services de base, tels que l'eau potable et les services de santé (5), qui sont essentiels pour contrôler l'épidémie de choléra. En effet, la Direction nationale de l'eau potable et de l'assainissement, le principal producteur d'eau du pays, a annoncé que ses opérations étaient interrompues en raison du manque de carburant (6). De nombreux hôpitaux peinent à fournir des services réguliers en raison de la pénurie de carburant, de la mobilité limitée du personnel, de l'insécurité et des pillages (6,7).

En date du 13 octobre 2022, le ministère haïtien de la Santé publique et de la Population a signalé 55 cas confirmés, 655 cas suspects et 36 décès. Le groupe d'âge le plus touché est celui des enfants de 1 à 4 ans, suivi de celui des enfants de 5 à 9 ans. En plus de ces cas, le ministère de la Santé Publique et de la Population a également identifié une épidémie à la prison civile de Port-au-Prince avec au moins 12 cas confirmés, 271 cas suspects et 14 décès. L'épidémie est largement concentrée dans le département de l'Ouest, bien que des cas aient également été identifiés dans le département du Centre. Cependant, en raison de la complexité de la crise humanitaire, la surveillance épidémiologique pourrait également être affectée et le nombre de cas signalés est probablement sous-estimé (8).

Les Nations Unies ont appelé à la mise en place immédiate d'un corridor humanitaire afin de permettre le déblocage de carburant pour répondre aux besoins urgents de la population et faire face à l'épidémie (9).