GTFCC sur la voie de l'éradication du choléra : une discussion sur les progrès et défis d'une nouvelle ère

L'événement virtuel de la Global Task Force on Cholera Control qui s'est tenu cet été a mis en évidence les progrès réalisés par les pays affectés par le choléra, notamment la Zambie, l'Éthiopie, le Zimbabwe, Haïti et le Bangladesh. L'événement a été organisé dans le cadre de la 73e Assemblée Mondiale de la Santé.

L'événement virtuel de la Global Task Force on Cholera Control (GTFCC) qui s'est tenu en juin a mis en évidence les progrès réalisés par les pays affectés par le choléra et a renforcé les engagements des décideurs et des partenaires engagés dans la lutte contre le choléra. L'événement a été organisé dans le cadre de la 73e Assemblée mondiale de la Santé. Les situations de la Zambie, de l'Éthiopie, du Zimbabwe, d’Haïti et du Bangladesh étaient présentées.

Lors de l’Assemblée mondiale de la Santé de 2018, la Zambie avait parrainé la résolution visant à mettre fin au choléra dans le monde entier d'ici 2030. Le pays s'était également fixé l'objectif ambitieux d'éliminer le choléra d'ici 2025 et l’avait formalisé dans un Plan multisectoriel Zambien d’élimination du choléra (2019-2025).

Au cours de l’événement virtuel de juin dernier, le Dr Fred Kapaya, coordinateur du programme national de lutte contre le choléra, a présenté les progrès réalisés depuis le lancement du plan national il y a un an dans les secteurs du leadership et de la coordination, de la surveillance, de la gestion des cas, de l’engagement communautaire et de la communication des risques, de la vaccination orale contre le choléra et de l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH). Pour cibler les interventions, les « hotspots choléra »[1] ont été identifiés dans le pays.

Sur 7 ans, 70 % du budget du plan a été alloué aux investissements dans le secteur EAH. Les travaux visant à améliorer l’accès à l’eau potable ont déjà commencé dans certains hotspots choléra, et un plan d’investissement pour l’approvisionnement en eau a été élaboré pour assurer une couverture de service de 100 % à Lusaka, et ce bien que ce plan nécessite un financement pour sa mise en œuvre. La mise en place d’installations sanitaires dans les communautés à faibles revenus de Lusaka est également en cours. En outre, des campagnes réactives de vaccination ont été mises en œuvre dans deux hotspots choléra. A l’avenir, le pays vise à établir des groupes de travail sur le choléra dans tous les districts considérés comme hotspots et à mener des campagnes de vaccination préventives dans tous les hotspots choléra d’ici décembre 2020, entre autres, afin de rendre pleinement opérationnel le plan d’élimination du choléra.

Éthiopie

Les progrès réalisés dans le contrôle et l'élimination du choléra en Éthiopie ont été présentés par Aschalew Abayneh, directeur général adjoint de l’Institut Ethiopien de Santé Publique. L’Éthiopie s’est engagée à respecter la feuille de route mondiale pour le contrôle et l’élimination du choléra lors de l’Assemblée mondiale de la Santé en 2018. Depuis lors, une analyse épidémiologique des hotspots choléra a été menée pour cibler les interventions multisectorielles. Au total, environ 104 des 770 woredas (la division administrative de troisième niveau de l’Éthiopie, l’équivalent de « districts »), hautement prioritaires, ont été identifiés sur la base de données couvrant la période 2015-2019. De 2019 à 2020, les populations à risque de cinq régions (Oromia, Somali, Afar, SNNPR et Addis-Abeba) ont reçu des vaccins, 99,5 % (919 047 flacons de vaccination) ayant été utilisés pendant les campagnes. En outre, le Plan national multisectoriel d’élimination du choléra (2020-2025) a été rédigé.

Zimbabwe

Les progrès de l'élimination du choléra au Zimbabwe ont été présentés par Portia Manangazira, directrice de l’épidémiologie et du contrôle des maladies au ministère de la Santé et de l’Enfance zimbabwéen. En mai 2020, le Zimbabwe a reçu les recommandations du Groupe d’examen indépendant de la GTFCC pour le Plan national multisectoriel d’élimination du choléra (2018-2028), faisant du Zimbabwe le premier pays africain de l’OMS à atteindre ce stade de révision du plan. Le pays a identifié 81 des 1 200 wards (l’unité administrative située au-dessous du niveau district), situées dans 16 districts, comme des hotspots choléra pour cibler les interventions multisectorielles. Conformément à ses objectifs ambitieux, le pays prévoit de réduire les cas de choléra de 50 % au cours de la phase 2019-2021 et de 100 % au cours de la phase 2022-2024, l’élimination du choléra à l’échelle nationale étant prévue pour 2025-2028.

Haïti

Depuis Haïti, Patrick Dely, directeur de l’épidémiologie, du laboratoire et des enquêtes du ministère de la Santé publique et de la Population, a présenté un aperçu des progrès réalisés pour éliminer le choléra dans le pays. Bien que plus de 820 000 cas suspects aient été signalés en Haïti depuis 2010, aucun nouveau cas de choléra n’a été confirmé dans le pays depuis janvier 2019. De solides efforts de surveillance de l’épidémie pour guider les mesures de réponse et les équipes d’intervention rapide ont été essentiels pour contrôler l’épidémie de choléra.

Afin d’améliorer les efforts de préparation en cas de résurgence du choléra, le pays a renforcé les capacités des laboratoires. Cinq laboratoires périphériques sont en train d’être équipés pour tester des échantillons de selles par culture et effectuer des tests de sensibilité aux antimicrobiens, et un nouveau système d’échantillonnage des cas suspects de diarrhée aqueuse aiguë est en cours de mise en place. La capacité de surveillance des maladies est également renforcée par la mise en place d’un système amélioré d’alerte et de réaction rapides qui consiste en une surveillance basée sur des indicateurs et les événements pour assurer la détection rapide des événements liés au choléra. Le pays vise l’obtention du certificat d’élimination du choléra en 2022.

Bangladesh

Enfin, le Dr Sanya Tahmina Jhora, directeur général adjoint de la direction générale des services de santé du Bangladesh, a présenté le succès des campagnes de vaccination réactives et préventives pour lutter contre le choléra à Dhaka et Cox's Bazar.

Outre les présentations par pays, d’autres partenaires tels que WaterAid, GAVI (the Vaccine Alliance), le Center for Disease Control (CDC) américain, la Fondation Bill & Melinda Gates, la Direction suisse du développement et de la coopération, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et Assainissement et Eau pour Tous (Sanitation and Water for All - SWA) ont réitéré leur soutien continu pour mettre fin au choléra d’ici 2030.

Des vidéos et des présentations de l’événement virtuel sont disponibles sur le site de la Fondation Mérieux.

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[1] Les hotspots choléra sont des zones géographiquement limitées où les conditions facilitent la transmission de la maladie et où les épidémies persistent ou se reproduisent régulièrement.